Société d’Histoire d’Ensisheim
Conférence du mardi 15 novembre 2022
Médiathèque-Espace Liberté – 20h15
Ensisheim-Reguisheimerfeld . Six millénaires d’occupation.
Par Muriel Roth-Zehner (Archéologie Alsace), Fanny Chenal et Sylvain Griselin (Inrap)
La fouille de la ZAID (tranches 3 et 4) d’Ensisheim-Reguisheimerfeld a débuté en août 2017 et s’est achevée en août 2020. Sur les 24,8 ha décapés, plus de 10 000 faits archéologiques ont été répertoriés et fouillés, datant du Mésolithique (8000 – 5300 av. J.-C.) à l’époque mérovingienne (600-700 apr. J.-C.).
L’occupation du site démarre au Mésolithique. La fouille de cette période a été coordonnée par Sylvain Griselin (INRAP). Elle a consisté à la réalisation de sondages manuels des niveaux qui avaient livré des vestiges au cours du décapage mécanique des emprises. Plus d’une vingtaine de locus (lieu de concentrations de mobiliers archéologiques) et des structures de combustion « isolées » ont été fouillés. Les locus sont très bien conservés comme l’attestent la faible dispersion des vestiges dans le sédiment, la fraicheur du mobilier lithique et les remontages qui ont été réalisés. Ils sont conservées le long de la terrasse rhénane au sein des dépôts fins d’origine vosgienne probablement déposés lors des crues de l’Ill. La répartition spatiale des concentrations semble en partie liée à la présence d’un paléochenal, car elles se distribuent de part et d’autre de celui-ci.
Plusieurs occupations allant du Néolithique ancien à final (5300 – 2250 av. J.-C.) sont réparties sur l’ensemble du site dont une importante nécropole Rubané ancien (5300-5100 av. J.-C.) qui a livré 77 inhumations et 47 crémations. Une petite nécropole d’une quinzaine de tombes du Rubané final (5100-4900 av. J.-C.) ainsi que plusieurs habitations sont également à noter. Le site est réoccupé au Néolithique moyen (tombes Roessen, Grossgartach ; 4900-4000 av. J.-C.) et au Néolithique final (3300-2250 av. J.-C.). Une vingtaine de fosses de la culture Horgen ont été découvertes ainsi qu’une nécropole à inhumations de la culture campaniforme. Elle est composée de neuf sépultures individuelles et de deux sépultures doubles, orientées nord-sud. Deux de ces sépultures sont des tombes d’archers supposés, d’après le mobilier associé aux défunts (brassards, pendeloques en os représentant des arcs). Deux anneaux torsadés (parure de coiffure ?) en argent ont été découverts dans une des tombes les plus riches de la région pour cette période.
L’occupation la plus dense, est sans conteste celle de l’âge du Bronze (1550-800 av. J ;-C.) avec une nécropole qui se développe sur la frange est du site et un habitat associé à l’ouest du secteur funéraire qui débute au Bronze ancien, perdure au Bronze moyen et se déploie essentiellement pendant tout le Bronze final (entre 1350 et 800 av. J.-C.). Langgraben (grand fossé rectangulaire), cercles funéraires/tumulus et crémations sont les principaux monuments qui constituent cette nécropole qui continue à être fréquentée au début du Hallstatt (800-650 av. J.-C.) et à La Tène ancienne (420-360 av. J.-C.) et moyenne (280-200 av. J.-C.). Pour cette dernière période, des monuments funéraires carrés contenaient une crémation en leur centre.
Le site ne se repeuple qu’au Haut-Empire (2e siècle apr. J.-C.) par l’installation de structures à vocation agricole. Cet établissement se développe jusqu’au 4e siècle : un hameau occupe alors ce territoire composé de plusieurs bâtiments, d’aménagements agricoles et artisanaux (forge) se développant autour d’une mare.
La dernière occupation répertoriée est celle déjà connue dans ce secteur depuis 1997 et 2015 avec plus de 150 tombes mérovingiennes (600-700 apr. J.-C.).