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Résumé de la conférence du 22 avril 2025: « En marge d’une découverte exceptionnelle de thalers à Ensisheim. Une histoire des trésors de l’Antiquité à nos jours », par Jean-Jacques Schwien, Président de la Société d’Histoire d’Ensisheim.


Résumé de la conférence du 22 avril 2025: « En marge d’une découverte exceptionnelle de thalers à Ensisheim. Une histoire des trésors de l’Antiquité à nos jours », par Jean-Jacques Schwien, Président de la Société d’Histoire d’Ensisheim.

 

                                                                                      M. Jean-Jacques SCHWIEN 

La conférence faisait suite à l’assemblée générale de la Société d’histoire d’Ensisheim et s’est déroulée dans la grande salle du Palais de la Régence, mise une nouvelle fois à disposition par la ville d’Ensisheim.

Lors de son introduction, M. Schwien a évoqué la découverte exceptionnelle de thalers effectuée en 2018 lors des travaux sur le site de l’actuelle médiathèque d’Ensisheim.

Constitué de 154 pièces de monnaie (dont 1/3 de thalers en argent) ce dépôt monétaire a été mis à jour par M. Florent Minot et étudié par «Archéologie Alsace». (Les thalers découverts devraient être exposés de manière définitive après la restructuration prochaine du musée d’Ensisheim)

M. Schwien a expliqué qu’un trésor, c’était un objet dissimulé par une (ou des) personne(s), oublié, puis retrouvé plus tard…

Ce qu’on appelle « trésor » n’est pas forcément composé de matière précieuse, ce peut être un dépôt de haches en bronze, céramiques, livres, etc…

Le conférencier a évoqué les « trésors des clercs », des éléments servant au culte (calices ou vêtements liturgiques) mais dont une partie a été réunie par le clergé dans le but de thésauriser.

Il a donné des exemples (trésor de la cathédrale de Chartres, de Quedlinburg en Allemagne…).

La plupart des objets constituant ces trésors ont traversé les siècles et sont visibles dans les musées ou les lieux de culte ; cependant d’autres ont disparu, car volés ou fondus afin de récupérer le métal précieux.

Le conférencier a ensuite abordé les « trésors des nobles », citant les hanaps en argent de Ribeauvillé, issus de la production des mines appartenant aux Ribeaupierre (vallée de Sainte Marie-aux-Mines), ou les trésors des princes et des rois…

Il a surtout insisté sur les prises de guerre de l’époque de Charles le Téméraire. Les confédérés suisses ont en effet réuni tous les objets précieux trouvés sur le champ de bataille ou dans le campement du Duc pour en faire des sortes de musée à la gloire des troupes qui ont vaincu (trois fois !) le plus grand prince d’Occident. S’appuyant sur une riche iconographie, M. Schwien a en effet expliqué que les nobles avaient souvent au Moyen Âge pour habitude de voyager ou de guerroyer avec leurs objets, principalement ceux qui pour eux avaient de la valeur (chapeaux, oriflammes, tuniques, armures, bijoux…).

Il a mentionné également les trésors enfouis, ceux qui ont été enterrés et que l’on retrouve par hasard quelques années ou quelques siècles plus tard…

Le conférencier a évoqué les tombes recelant de fabuleux trésors, à l’instar de celui de Touthankhamon, le plus connu, ou celui de l’empereur Qin Shi Huang en Chine.

En Europe, il a rappelé que les découvertes suite à des enfouissements n’étaient pas rares (Preuschdorf, dans le Bas Rhin: 7000 pièces de monnaie découvertes; à Wettolsheim 1200 monnaies; dans l’Essonne: 40 000 pièces exhumées; en Bulgarie: près de 80 000 pièces…etc…).

Des objets divers ont également pu être mis à jour, comme de la vaisselle précieuse (plats en argent à Augst, Suisse), des coupes en argent ou des cuillères, à l’hôpital du Mans…etc…

A Colmar, une découverte importante avait été faite en 1863, conservé actuellement au musée de Cluny. Il s’agit d’un ensemble d’objets précieux (bagues, monnaies, coupes, ceinture…) cachés dans un mur, appartenant visiblement à un juif disparu dans la tourmente du pogrom de 1349, suite à l’épidémie de peste noire.

De tout temps, ces découvertes ont stimulé l’imagination et attiré des convoitises.

M. Schwien a présenté une gravure d’un livre des années 1450 sur lequel, au Moyen Âge, il était question «du bonheur de la découverte d’un trésor».

Il a également évoqué les trésors engloutis (dans la mer, ou plus proche de nous, dans les rivières ou fleuves, comme le Rhin, ou ses anciens lits …). Les objets qui apparaissent à l’occasion de dragage, de travaux, ou de prospections, proviennent de naufrages, ou d’offrandes à des divinités.

Le conférencier a expliqué dans quelles conditions les dépôts d’objets précieux avaient pu être réalisés.

Beaucoup de ces enfouissements ont pu être effectué durant des moments de guerre ou d’insécurité (effondrement de l’empire romain, époque des grandes invasions, guerres de Cent ans, de Trente ans…).

Plus près de nous il a évoqué la découverte à Châtenois, Bas Rhin, de bouteilles de champagne enterrées à la hâte à la fin de la seconde Guerre mondiale afin de les soustraire à la convoitise de l’armée allemande, et retrouvées en 1999 à la suite de la chute d’un arbre provoquée par la tempête Lothar.

Le dépôt de thalers découverts à Ensisheim en 2018, datés pour la plupart des années 1630, correspond à l’époque de la destruction de la ville durant la Guerre de Trente ans.

On peut facilement imaginer qu’un habitant ait eu l’idée de soustraire ses économies aux agresseurs en les dissimulant dans une bourse (sans doute en tissu), dans une cachette aménagée sous le plancher de sa Stube, et qu’il n’ait plus jamais eu par la suite la possibilité de récupérer sa fortune…

Le trésor découvert en 1864 aux Trois Epis (exposé au musée Unterlinden à Colmar) provient également de cette période et a sans doute été enfoui dans les mêmes conditions.

Jean-Jacques Schwien a évoqué également les trésors dissimulés parce que les objets qui le composaient n’avaient plus d’utilité (exemple: les objets déposés par la communauté juive dans des lieux appelés «Guénizah»).

Il a évoqué les dépôts liés à des professions (forgerons, artisans du cuir…) ou des objets divers (vêtements, livres) qui n’avaient plus d’utilité et qu’on retrouve aujourd’hui dans les remplissages sous les planchers de maison, sans doute pour servir à isoler des locaux d’habitations…

Terminant son exposé, M.Schwien a abordé la législation concernant les découvertes.

Il a rappelé que depuis une cinquantaine d’années existent des détecteurs de métaux qui ont permis des découvertes, mais que l’usage de ces appareils doit répondre à une législation précise, et qui n’est pas toujours respectée…

L’archéologue étudie chaque objet et s’efforce de comprendre et déterminer à quelle époque, dans quelles conditions et quel contexte ils ont pu être enfouis, perdus ou dissimulés.

Cette connaissance est primordiale et dépasse la valeur des objets.

A l’issue de la conférence, de nombreuses questions ont été posées par un public très attentif auxquelles M. Schwien a répondu.

Un traditionnel verre de l’amitié a suivi la conférence à laquelle avaient assisté environ 70 personnes.


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