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Conférence du mardi 30 janvier 2024, par M. Claude MULLER :  » Splendeurs et misères du vignoble alsacien à travers le âges »


Conférence du mardi 30 janvier 2024, par M. Claude MULLER :  » Splendeurs et misères du vignoble alsacien à travers le âges »

Splendeurs et misères du vignoble alsacien à travers les âges

 

Par M.Claude Muller, professeur d’histoire à l’université de Strasbourg, et grand maitre de la Confrérie St Etienne.

M. Claude MULLER

C’est à la médiathèque d’Ensisheim, mise une nouvelle fois à disposition de la SHE par la municipalité que le conférencier a été accueilli par un public venu nombreux.

 

En introduction, M. Muller a rappelé que l’Alsace entre l’an Mil et l’an 2000 a été française pendant 300 ans et allemande durant 700 ans, et que sa population est marquée non seulement par sa culture germanique,  mais aussi par les guerres et les misères qui l’ont frappée.

Néanmoins,  il y fait bon vivre, et l’un des symboles de cette qualité de vie est la vigne qui a de tout temps été cultivée dans tout le territoire alsacien et badois. On n’y distinguait d’ailleurs pas forcément le vin produit en Alsace de celui produit de l’autre coté du Rhin.

Le vin produit au Moyen Âge était le « vin des pays du Rhin ».

 

Les splendeurs médiévales

  1. Muller a évoqué l’activité liée au vin durant le Saint-Empire Romain Germanique, et les revenus qui en découlaient.

Il a cité l’exemple d’un viticulteur de Ribeauvillé (Rappoltsweiler au Moyen Âge) exportant son vin vers les pays du nord de l’Europe  (Danemark, pays baltes, villes hanséatiques…)
Non seulement le vin, au départ pouvait être payé un bon prix à son producteur, mais son commerce pouvait entrainer  de substantiels bénéfices pour les intervenants suivants…
Le vin assurait d’abord une activité aux tonneliers qui s’occupaient de  son conditionnement,  puis aux charretiers qui utilisaient leurs véhicules pour  transporter les tonneaux jusqu’à Sélestat  (Schlettstadt au Moyen Âge). Parvenus au port d’embarquement  de la ville (le Ladhof), on faisait appel aux  barques à  fond plat (appelées « pinasses »)  qui pouvaient  circuler sur l’Ill en emportant chacune 3 tonneaux jusqu’à Strasbourg. De là,  le produit était transporté sur des bateaux plus importants pouvant naviguer sur le Rhin jusqu’à leur destination finale dans le Nord de l’Europe..

Cette grande artère fluviale idéalement située dans une région fortement peuplée était d’ailleurs surnommé «  Weinfluss » tant le commerce du vin y était important.

 

A chaque étape de son transport , de sa manipulation ou de son contrôle, le vin subissait des taxes et prélèvements divers.

Et pourtant malgré tous ces intermédiaires, le commerce du vin était très florissant.  Il était considéré comme un produit de luxe ou de spéculation et pouvait générer des bénéfices de 1000 % !

Et jusqu’à 100 000hl pouvaient être vendus à Cologne sur une année, ce qui représentait 10 % d’une récolte alsacienne contemporaine !

 

Le déclin à compter du 16ème s.

Au début du 16ème s., il fait chaud, et le vin est bon…

A partir de 1550, les chroniques confirment que le vin devient aigre, suite à des conditions climatiques devenues défavorables. On constate effectivement un refroidissement du climat durant ces années, ce qui a des conséquences sur la qualité du vin.

En1648, l’Alsace, suite au traité de Westphalie mettant fin à la Guerre de Trente Ans, devient française, d’autres soucis apparaissent :

-Les débouchés vers le Nord se ferment

-l’Alsace se met à déguster des vins français

-Le Champagne va naitre, et va faire son apparition en Alsace

Les conséquences sont que le vin d’Alsace ne se vend plus, et les problèmes commerciaux vont s’amplifier au fil des années suivantes…

A partir de 1850,c’est le phylloxéra qui fait son apparition et ravage la France jusque dans les années 1890.

Le vignoble passe alors de 25 000 ha de vignes en 1800 à seulement 8000 ha en 1945.

C’est la catastrophe !

On cherche alors à greffer, ou à hybrider , mais le vin d’Alsace qui était  autrefois servi à la table des rois n’est plus qu’un petit vin.

Il est souvent remplacé en France par le vin d’Algérie, vendu beaucoup moins cher.

Dans les années 1960-70, le vin d’Alsace n’a plus aucune considération ! (il donnait de plus « mal au crâne », sans doute à cause du souffre utilisé lors de son traitement).

 

« Le meilleur vin blanc au monde est le vin d’Alsace »

Les cépages hybrides sont abandonnés dans les années 1930. On replante alors des cépages alsaciens.

Après la 2ème guerre mondiale, les viticulteurs vont se mettre à l’assemblage de cépages.

On assiste à une révolution viticole dans les années 1960.

Depuis les années 1970, on recherche la qualité.

En 1975-76, le crémant, vin à bulles selon la méthode champenoise, fait son apparition. Depuis, la production de vins pour produire du crémant est en constante augmentation.

Aujourd’hui,  1/3 du vin d’Alsace est utilisé pour produire du Crémant.

A partir de 1984,  le vin apparait aux desserts, et semblent apprécié par les femmes notamment.

On produit par la suite des produits plus concentrés en alcool, les vendanges tardives et autres grains nobles font leur apparition.

  1. Muller affirme que, grâce au  renouveau qualitatif  apparu entre les années 1975-1984, la réputation des vins d’alsace n’a cessé d’augmenter et leur a permis d’être aujourd’hui des vins d’exception.

 

Conclusion

D’après M. Muller, les vins d’Alsace sont aujourd’hui à un niveau tellement haut perché qu’il est difficile d’aller plus loin encore dans la recherche de la qualité.

Cette qualité a été fluctuante au cours des âges, et a été liée à l’histoire de l’Alsace ainsi que de son climat, qui a  connu des variations.

On assiste à des changements liés à la consommation en baisse des alcools en général.

Les pouvoirs publics plaident aujourd’hui en faveur d’une sévérité plus grande face à des comportements dangereux, principalement ceux liés à la prise excessive d’alcool…

Le vignoble a été considéré au  temps du Saint-Empire Romain Germanique comme un des meilleurs vignobles en Europe.

Le restera t’il encore ?

 

 

A la suite de sa conférence, M. MULLER a répondu aux  nombreuses  posées par un public très attentif, et un rafraichissement a été offert.

 


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